J’ai découvert Louise Mey avec son tout premier roman, Les Ravagés, petit ovni en matière de policier français qui commençait de façon assez classique : de nuit, une jeune femme rentre chez elle, elle semble suivie par quelqu’un, et…. Et rien de ce que vous attendez ne se passe, les pages suivantes vous mènent au sein d’une intrigue totalement inédite et machiavélique. C’est pourquoi j’étais curieuse de m’attaquer à son nouveau roman, qui reprend la même unité policière que dans Les Ravagés : la BCDS, bridage parisienne spécialisée dans les délits et crimes sexuels, et de voir où elle aurait l’audace de nous emmener cette fois.
Dans Les Hordes invisibles c’est au tour du harcèlement cybernétique d’être décrypté, sujet maintes fois abordé mais toujours trop peu pris au sérieux. L’inspectrice Alex Dueso, déjà au centre de l’intrigue dans Les Ravagés, reprend donc du service, son addiction à la bière en moins. Si elle pensait avoir touché de près la crasse humaine au travers des nombreuses affaires auxquelles elle avait été affectée, face à la violence d’internet elle va devoir reconsidérer tout ce qu’elle tenait pour acquis jusqu’ici. Et le quotidien sordide auquel est habituée la BCDS va se trouver chamboulé par trois jeunes femmes, toutes victimes de menaces de viol et/ou de mort sur les réseaux sociaux, voire dans leur intimité.
Ce nouveau roman de Louise Mey est une franche réussite. Après avoir abordé, dans Les Ravagés, la question de la place donnée aux femmes victimes de violences sexuelles, elle pousse ici la réflexion sur la banalisation de la violence sous couvert d’anonymat et d’invisibilité. En conclusion : si l’idée vous tente de lire un roman policier assumant une prise de position quant à des problématiques actuelles, chiffres et données à l’appui, et servi par une écriture maîtrisée, alors foncez !