C’est dans un Brooklyn poisseux du milieu des années 80 que Jason Starr nous entraîne, pour suivre la chute vertigineuse d’un jeune garçon sans histoire dont le rêve est d’intégrer l’université. Mickey Prada a une vingtaine d’années, il travaille dans une poissonnerie depuis sa sortie du lycée pour entretenir son père atteint d’Alzheimer, et accessoirement pour payer ses futurs études en comptabilité. Passionné de base-ball, il joue parfois les bookmakers et prend des paris de petites sommes sur divers matchs, se faisant ainsi un peu d’argent de poche sur les commissions qu’il récupère. Consciencieux et habitué à ne jamais prendre de risques, il ne verra pas d’inconvénient à miser pour un client nommé Angelo, dont le look rappel un mauvais cliché du Parrain voir de Tony Montana de Scarface. Pourtant chaque pari qu’il prend est un échec, sa dette augmente et Mickey voit son angoisse s’accroître tandis qu’Angelo se défile, refusant de payer ce qu’il doit. Lorsque la seule solution s’offrant à Mickey est de puiser dans ses économies, son meilleur ami Chris lui propose de régler ses comptes autrement, en braquant une grande maison sur Manhattan. Petit Joueur aurait pu être un roman noir banal sur les affres de la jeunesse américaine des quartiers populaires qui se tourne vers la drogue et le vol, mais il n’en est rien. Jason Starr se plaît à faire souffrir des personnages dont rien ne laisserait présager la chute parce qu’il n’existe pas de profil type, il n’est jamais évident de prédire combien une simple erreur peut amener à un destin tragique. Soutenu par un humour acerbe, une plume acérée et des personnages attachants malgré eux, Jason Starr renoue avec le Brooklyn de Mauvais Karma pour notre plus grand plaisir, mais pas celui de ses personnages…