Il est plutôt compliqué de rédiger un coup de cœur décent sur ce livre à la richesse sans égale, aussi pour ne pas lui faire mauvaise publicité, je resterai brève et concise. José Carlos Somoza c’est tout d’abord une écriture brillante où différents genres littéraires se rencontrent avec une aisance qui laisserait sceptique habituellement. Le Tétraméron est à la fois un recueil de contes macabres et comiques, un roman à la frontière du gothique et du fantastique mais aussi une satire des frasques humaines. Tous ces genres convergent vers l’histoire de Soledad qui peine à trouver sa place depuis la mort de sa mère. Un jour lors d’une sortie scolaire au musée, elle décide de s’éclipser vers les sous sols où elle interrompt ce qui s’apparente à l’office d’une secte. Tel une Alice passant de l’autre côté du miroir, Soledad découvre un univers hors du commun où l’imaginaire et les contes tiennent une place importante. Chaque membre de la secte du Tétraméron livre plusieurs contes passant du sordide au loufoque, offrant à Soledad un aspect du genre humain qu’elle ne soupçonnait pas. Si l’auteur sait être ingénieux dans la forme comme dans le fond, il sait également s’abstenir d’une fin prévisible et convenue en attribuant une morale ou un dénouement clé à son roman. Ainsi le Tétraméron est comme un rêve dont on ne saisit pas tous les tenants et aboutissants, mais qui donne pourtant l’envie d’y replonger aussitôt.