Certains auteurs sont comme les très bons vins. Jeunes, ils sont agréables, gouleyants, ils répondent à notre soif de romanesque. En vieillissant, ils prennent de l’ampleur, du caractère. Sans perdre leurs qualités premières, ils nous font découvrir des sensations nouvelles que nous n’oublierons jamais. Colum McCann est donc de ceux-là.
Son dernier roman nous transporte, à dos d’oiseaux, en Palestine. Deux pères, l’un palestinien, l’autre israélien, ont perdu une fille au cours de ce conflit dans lequel deux peuples se battent pour une même terre. Chacun, dans sa jeunesse, a combattu pour son camp. Chacun acceptait alors le risque de perdre la vie… Aucun n’acceptera la perte de sa propre chair, figure même de l’innocence. Contre toute attente, alors que leur quotidien se drape désormais dans un deuil impossible, ils décideront de se battre pour la paix à travers une association des familles victimes de la guerre.
Un dialogue se crée, une étincelle de vie, un combat pour que personne n’ait à connaître ce dont on ne se relève pas. Traité avec pudeur et virtuosité, il donne lieu à une construction magnifique, faite de cours chapitres, où alternent histoire et considérations ornithologiques : car parfois il est bon de prendre de la hauteur, dans les affres de cette guerre qui refuse de dire son nom.
Clin d’œil à Charlène, qui m’avait fortement recommandé cette lecture depuis son île écossaise. Merci pour cette fantastique lecture et à bientôt !