Il est délicat de trouver les mots justes pour évoquer le féminicide, ce sujet de société qui revient malheureusement beaucoup trop souvent dans l’actualité. Pourtant, en romancier du sensible, Philippe Besson y apporte un éclairage plus personnel en adoptant le point de vue des enfants de femmes tuées par leur maris, celui de ces victimes oubliées.
« Papa vient de tuer Maman. » c’est ainsi que commence cette histoire, inspirée de faits réels, avec ce coup de téléphone d’une sœur à son frère. Plongé dans les premiers jours de l’expérience hors du temps et indicible de ces deux enfants dont la vie a été bouleversée à jamais, le lecteur suivra également le cheminement de l’enquête, de ce qui a conduit à cet acte épouvantable. En alternant souvenirs d’enfance et présent, on comprend que tous les signes précurseurs étaient là.
Comment se reconstruire après un tel drame, sans se laisser ronger par les remords et la culpabilité de ceux qui n’ont pas su voir à temps ? Comment trouver un sens à son existence ? Au milieu de toute cette souffrance, c’est l’amour fraternel qui leur permettra de survivre à l’inconcevable.
C’est avec beaucoup d’émotion que l’on referme ce très beau roman, nécessaire pour mettre en lumière les drames intimes comme celui-ci, trop souvent relayés au rang de faits divers. Profondément poignant, brillamment écrit et véritablement glaçant.