Il n’est pas question de voleurs ni de caverne magique dans La ballade d’Ali Baba de Catherine Mavrikakis mais d’une histoire de deuil. C’est Erina l’héroïne de ce roman, romancière et experte en littérature Shakespearienne, qui nous raconte comment elle mit fin à des années de rancœur envers son défunt père, aimant mais trop peu présent à ses yeux. Ce dernier n’a pourtant eu aucune autre prétention que de vivre sa vie comme bon lui semble, se laissant porter par ses envies qui l’éloignaient beaucoup trop souvent de sa famille. Le jour de sa mort Erina arriva trop tard à son chevet, elle n’eut pas le temps de lui faire ses adieux et un sentiment de vide s’installa en elle. Pourtant, un jour où une tempête de neige fait rage à Montréal, Erina tombe par hasard sur son père, mort depuis plusieurs années, portant ses courses le plus normalement du monde. S’agit-il d’une vision ou de réalité alternée ? C’est ici la force du roman de Catherine Mavrikakis, rien ne nous explique clairement cette apparition soudaine, chacun sera libre de l’interpréter selon ses principes. Car l’important n’est pas là, mais réside dans la relation père-fille qui va se tisser entre eux, Erina rattrapera en quelque sorte le temps perdu tout en découvrant son père sous un jour nouveau. Entre souvenirs d’enfance, vie quotidienne et apparitions, la phrase tant aimée d’Erina « Le temps sort de ses gonds » prend tout son sens. Un beau roman lumineux et touchant.