Nous autres Français connaissons le plus souvent l’histoire russe d’après les manuels de nos cours d’histoire, la littérature, ou encore les images que nous en avons vues à la télévision. Ce qui fait la force de l’ouvrage de Svetlana Alexievitch, c’est qu’il nous fait parvenir l’histoire russe à travers les témoignages de ceux et celles qui l’ont vécue. Et cela donne un choeur de voix qui nous racontent la chute du régime soviétique et l’avènement du capitalisme « à la russe » de manière bouleversante. Car, pour la plupart, la fin du communisme n’a pas ouvert les portes du paradis qu’on leur avait promis. Même bien au contraire pour certains d’entre eux, ceux qui, depuis, ont vécu les pogroms, la misère, la guerre de Tchétchénie ou la violence des milices. Et, face à cette femme de lettres qui leur donne enfin la parole, beaucoup ne souhaitent qu’une chose : parler aussi du seul bonheur qu’ils ont connu, l’amour. En refermant ce livre, on ne peut qu’être d’accord avec l’une de ces femmes interviewées, qui déclare : « Il n’y a que l’amour qui peut nous sauver. » A noter : le livre a été superbement traduit par Sophie Benech, que nous avions reçue à la librairie l’année dernière.