Un Espagnol de passage à Paris se voit confier la responsabilité d’un vieil homme malade que quelqu’un semble avoir abandonné dans un restaurant self-service des Champs-Elysées. Il tente alors de découvrir son identité. Alternant avec l’histoire de ces deux hommes réunis par le hasard, le lecteur découvre la vie des « samosiols », ces Ukrainiens qui sont restés ou revenus vivre à Pripiat après la catastrophe de Tchernobyl. C’est à travers les yeux de Vassia, qui se promène dans la zone à bicyclette, que l’on vient à connaître, entre autres, Laurenti Baktiarov, dont le passe-temps favori est de chanter du Demis Roussos, ou encore Nastia Eltsova, une vieille femme qui refuse de quitter sa maison qu’elle voit comme une soeur. Le roman prend alors la forme d’un docu-fiction littéraire, d’autant plus qu’il s’inspire (librement) de la vie de Vassili Nesterenko, un physicien recherché par le KGB pour avoir un peu trop parlé sur les conséquences désastreuses de la catastrophe nucléaire. La prouesse de Javier Sebastian est de ne pas tomber dans l’écueil du réalisme sans charme en livrant des portraits des habitants de Pripiat empreints de poésie.