L’idée que des livres puissent être reliés en peau humaine génère chez nous dégoût, ou bien stimule une curiosité macabre… voire les deux. Cela enflamme en tout cas les passions. Megan Rosenbloom fait ainsi le choix d’enquêter sur ce phénomène avec une démarche scientifique et rigoureuse, enquête néanmoins non-exhaustive tant le sujet se révèle profond, touchant à la fois à l’histoire, à la médecine, à l’esclavage, à la littérature… et bien entendu à la tannerie !
Cet essai nous éloigne du cliché romantique des livres reliés en peau humaine, confectionnés par des sectes occultes afin de réaliser des rituels impies. Les exemplaires connus à ce jour sont plutôt des ouvrages de médecine ou d’anatomie, confectionnés par des médecins respectés à une époque où leur profession avait une forte dimension expérimentale, et où le corps des esclaves de couleurs n’avaient que peu de valeur. L’autrice nous montre que chaque reliure a une histoire unique, une identité propre, une signification différente, qui démystifie ce phénomène. Une enquête éclairante, macabre mais essentielle pour les amateurs de cabinets de curiosités !