L’ombre de nos nuits, au-delà d’être un titre très poétique, est également une superbe trouvaille tant il prend tout son sens à la lecture du roman.
Deux histoires vont se recouper à deux époques différentes, la première se déroulant au XVIIe siècle et la seconde à notre époque. L’une nous raconte les premiers jets du très grand peintre George de La Tour, dans l’intimité de son foyer et de son atelier, avant sa fuite pour Nancy durant la guerre de Trente Ans. L’autre histoire prend place dans un musée à Rouen, où une jeune femme dont nous ne connaîtrons pas le nom va se retrouver subjuguée devant la toile « Saint Sébastien soigné par Irène ». C’est tout le processus de conception de cette toile que nous allons suivre dans l’une des deux parties : l’isolement dans le procédé de création, la passion et la recherche de perfection comme moteur, avec comme toile de fond un conflit grandissant. Parallèlement, on découvre comment ce tableau plein de bienveillance et de dévouement peut rappeler à cette jeune femme une relation passionnée mais ô combien toxique.
Au centre de ces deux histoires bien distinctes : la passion, tantôt créatrice, tantôt destructrice, mais toujours source d’inspiration. La force du roman de Gaëlle Josse est de lier de manière subtile et habile deux destins que rien ne devait rapprocher, si ce n’est leur recherche insensée de lumière au milieu de la nuit.