J’ai mis beaucoup de temps à énoncer correctement le titre du roman de Peter Stamm : « l’un et l’autre », « l’un à l’autre », « l’un sans l’autre », tant d’interprétations inconscientes d’un titre qui nous interroge déjà. Pourtant il s’amorce de manière assez classique avec l’histoire d’un couple, celle de Thomas et Astrid, mariés, deux enfants et qui rentrent de vacances en Espagne… Aucune ombre au tableau donc. C’est lors d’un matin en tout point comme les autres qu’Astrid découvre la disparition de Thomas, mais ne s’en offusque pas dans un premier temps : il y a forcément une raison, il reviendra. De son côté, Thomas arpente les abords du village qu’il est en train de quitter définitivement, au même titre que sa vie de couple sur laquelle il tire un trait, sans raison apparente.
Au fur et à mesure de l’ascension de Thomas, un gouffre d’incertitude va se creuser en Astrid, après tout qui étaient-ils vraiment l’un et l’autre ? L’un pour l’autre de prime abord, et l’un sans l’autre assurément depuis.
Autant de possibilités qui donnent le vertige et installent un climat pesant, où la plume tout en finesse de Peter Stamm distille poésie et angoisse. Un roman d’une beauté fulgurante.