Je ne connaissais pas Pierre Cendors et son œuvre. A l’inverse, j’affectionne particulièrement les éditions du Tripode pour leur savoir-faire en matière d’originalité. C’est donc les yeux fermés que j’ai commencé Minuit en mon silence. Je dois dire qu’avec un titre aussi poétique, je pensais ne pas trop prendre de risque et en effet, il s’agit sûrement d’un des ouvrages les plus forts qu’il m’ait été donné de lire. Sans artifices, Pierre Cendors nous dévoile la correspondance d’un soldat allemand envoyé au front lors de la Première Guerre mondiale. Tombé éperdument amoureux d’une jeune française, incapable de lui dévoiler ses sentiments au moment opportun, c’est le pressentiment d’une mort imminente qui le pousse à l’écriture. Et quelle écriture ! Subtile mais franche, où chaque phrase est à sa place, dotée d’une dimension poétique, voire onirique, mais jamais surfaite. On suit avec plaisir les déambulations de cet homme en proie à une mélancolie certaine, et ce sans tomber dans le pathos. En plus de cet amour qui n’a jamais été et ne sera jamais, bien d’autres thèmes sont abordés avec tout autant de justesse et notamment celui de la solitude, qui vous accable autant qu’elle est créatrice.
Une intimité dans laquelle il fait bon se plonger, non pas en tant que voyeur mais plus comme compagnon de route. Une petite merveille.