Giuliano est un grand apnéiste, un des meilleurs de sa discipline. Aujourd’hui, il a une cinquantaine d’années et il est temps pour lui de nous montrer une partie décisive de son existence. Ce court récit se déroule à la fois au présent et au passé, et prend aux tripes par sa beauté et sa richesse.
Mais qu’est ce qui fait un bon apnéiste exactement ? Cet exercice est parfaitement à part. Il ne confronte pas Giuliano aux autres, malgré un adversaire plus jeune et coriace, mais à lui même et à ses ressources les plus enfouies. Le contrôle de soi est une nécessité absolue : il ne faut pas s’entraîner à ne plus respirer mais bien oublier que l’on respire : voilà ce que répète sans cesse Maurizio, son entraîneur, à Giuliano. Il faut que l’apnéiste soit en osmose absolue avec la mer, sans quoi la discipline du corps est absolument impossible.
Giuliano est donc un homme de la mer, un homme qui a réussi à dompter son corps comme personne ne l’avait jamais fait avant. Mais il est avant tout un homme de la mer. La fascination pour les profondeurs de l’eau sont au coeur de cet ouvrage : que serait-il s’il ne savait pas tout ce qui peut se passer à 20, 30, 100 mètres de profondeurs, de la vie sous-marine au silence absolu des abysses ?
Enfin, Giuliano reste un homme, avant tout un homme avec un passé profondément douloureux. Il est aussi à un moment charnière de sa propre vie, où il s’interroge sur ce qu’il est, ce qu’il devrait être. Un questionnement qui nous ramène à notre propre condition.
Ce petit récit est donc foisonnant, riche et superbe. Avec une plus acérée, l’auteure nous mène au fond des abysses et du coeur humain.
Sublime.