On lui connaissait un cœur à moitié irlandais, ravagé par la trahison. On avait soupçonné une immense déception sur la nature humaine suite à ses années libanaises. Mais la faille était là.
L’enfance lyonnaise d’un baby-boomer, l’histoire aurait pu, somme toute, être banale. Par chauvinisme, on aurait sans doute apprécier de lire ses souvenirs déambulatoires dans notre belle ville, mais l’ouverture de ce roman sur l’enterrement du père, nous indique clairement que la ville des lumières ne lui a pas laissé que des bons souvenirs. Est-ce un hasard si son futur métier lui permettra de s’en éloigner le plus possible ? Sorj Chalandon nous parle de l’enfance sous le joug de la folie paternelle, dans ce qu’elle peut avoir d’exaltant (de son propre aveu, il s’est parfois bien marré) et de sordide. Assassiner De Gaulle, une mission bien lourde pour un enfant, c’est sans compter les talents de conteur de Sorj Chalandon, capable de nous faire passer du rire aux larmes dans la même page.
Il se disait judoka, parachutiste, pasteur et espion, dorénavant on se souviendra de lui. Sa profession : père d’écrivain.