Ce roman de l’auteur écossais James Kelman avait obtenu le Booker Prize (l’équivalent de notre Goncourt outre-Manche) en 1994 et avait défrayé la chronique, les Américains se déclarant « so shocked » qu’un livre contenant autant d’occurrences du mot « fuck » et ses dérivés (pas loin de 3000 selon nos calculs) remporte un prix si prestigieux. Pourtant, c’est la première fois qu’il paraît en français.
Pourquoi donc ?
Eh bien parce qu’il s’agit d’un de ces livres réputés intraduisibles. Imaginez ce à quoi Céline Schwaller, la traductrice qui s’y est collée, a dû faire face : se mettre dans la peau de Sammy, qui se réveille après une cuite monumentale avec des baskets à la place de ses pompes plutôt classes. Désorienté comme il l’est, il paraît suspect à des policiers qui le croisent, l’embarquent et le tabassent à tel point qu’il en perd la vue. Le retour à son quotidien va se révéler compliqué…
A travers la voix de Sammy, c’est tout le Glasgow populaire qui s’anime sous nos yeux. Les galères d’argent et les labyrinthes bureaucratiques, les virées au pub et les boulots merdiques, l’impression (certes justifiée) d’avoir une terrible et irréversible poisse.
Un tour de force littéraire et un délice d’humour noir !