Après vérification par votre serviteur à la mémoire défaillante, il y a bien page 66, chapitre 7, de l’édition folio de La promesse de l’aube de Romain Gary la phrase : « Promets-moi de leur dire : au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilmo, habitait M. Piekielny… ». Phrase sans laquelle ce roman, du jeune surdoué des lettres françaises François-Henri Désérable, n’aurait aucune raison d’être.
Une relecture donc de l’œuvre et de la vie du Grand Mystificateur Romain Gary (de son vrai nom Roman Kacew alias Émile Ajar, Fosco Sinibaldi et Shatan Bogat). Un roman jubilatoire, une auto-fiction brillante dans laquelle nous suivons les recherches de l’auteur sur ce personnage secondaire à la barbiche roussie par le tabac dont on ne sait finalement pas grand chose, si ce n’est que Gary le citait à toutes les sauces dès qu’un grand de ce monde croisait son chemin. Une plongée cocasse et documentée sur celui qui ne vivait que pour la littérature, quitte à transfigurer la réalité (mais uniquement pour notre plaisir de lecteur). Un exercice parfaitement maîtrisé par ce jeune prodige qui agace de suffisance (parfois), mais surtout d’être aussi talentueux. Il roule sur les plates-bandes d’Emmanuel Carrère, mais il a le droit puisqu’il le fait bien.