Transposer Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare dans le San Francisco d’aujourd’hui, il fallait oser ! Mais c’est un exercice que Chris Adrian a réussi avec brio.
Prenez trois humains confrontés à une immense peine de cœur : Henry, dont le petit-ami Bobby l’a quitté car il ne supportait plus ses tocs de nettoyage ; Will, qui ne se remet pas de sa rupture avec Carolina, même si tout est sa faute ; et Molly, dont le petit-ami Ryan s’est suicidé. Tous trois se rendent, chacun de leur côté, à une même fête à laquelle ils ont été conviés. Alors qu’ils se trouvent dans l’enceinte de Buena Vista Park, Titania, qui vit cachée sous les collines du parc avec sa cohorte de fées et autres lutins, libère le diabolique Puck. Elle le fait dans l’espoir de faire revenir son amant Obéron, qui l’a abandonnée à son chagrin après la mort de leur fils adoptif, un changelin atteint d’une leucémie que toute leur magie n’a pas pu sauvé. Ajoutez à cela la présence simultanée dans le parc d’une petite troupe de sans-abris en train de monter une drôle de comédie musicale, et vous obtenez alors un cocktail saisissant de magie, de drôlerie, mais aussi d’instants d’une sublime poésie à vous tirer les larmes aux yeux.
La morale de cette histoire est la suivante : ce n’est pas parce qu’on se repose sur ses classiques qu’on ne peut pas écrire un grand roman, qui plus est d’une extrême originalité !