Il est des textes qui, quelle que soit la période à laquelle ils ont été écrits, resteront toujours d’actualité tant l’injustice qu’ils décrivent semble malheureusement traverser les siècles. Une saison de coton de James Agee est de ceux-là.
A l’origine, il s’agissait d’un article destiné à être publié dans la rubrique « Vie quotidienne » de la revue américaine Fortune. Finalement, la publication en fut refusée, ce qui n’a rien d’étonnant étant donné sa teneur subversive. Car James Agee décrit dans les moindres détails les conditions de vie épouvantables dans lesquelles sont maintenues trois familles de métayers de coton dans l’Alabama des années 30. Ce sont les Tingle, les Burroughs et les Fields, dont James Agee a partagé le quotidien pendant trois semaines dans le cadre de ce reportage. L’auteur dénonce avec éloquence l’économie de l’endettement dont ces familles sont les victimes, un système n’est pas sans rappeler certaines pratiques bancaires actuelles…
Il en résulte un texte d’une force et d’une poésie à couper le souffle, qui constitue le matériau brut du chef-d’œuvre de James Agee, Louons maintenant les grands hommes (Plon, 1993). Le texte en lui-même n’est pas le seul intérêt de cet article car il est agrémenté de splendides photographies de Walker Evans, qui avait accompagné James Agee à l’occasion de ce reportage. On découvre ainsi de magnifiques portraits des métayers et des photographies de leurs maisons qui rendent ce livre d’autant plus émouvant.