Ces derniers temps nous avons vu paraître un grand nombre de romans se déroulant pendant les « swinging sixties », période bénie pour tout amateur de musique pop et rock durant laquelle les groupes britanniques ont déferlé partout dans le monde. Avec Utopia Avenue, David Mitchell se pose au-dessus de la mêlée. Nous y suivons les débuts puis la montée en puissance d’un groupe pop à Soho, formé par des personnalités aussi différentes que complémentaires produisant une musique trouvant ses racines aussi bien dans la folk que dans le rock, dans le blues que dans le psychédélique.
L’aspect choral de la narration est d’une grande maîtrise, les talents d’écrivain de l’auteur de Cloud Atlas ne sont plus à prouver, le lecteur ne peut qu’être pris dans ces sept cents et quelques pages . Ce qui est remarquable dans Utopia Avenue c’est la façon dont Mitchell parle de la musique, la retranscrit, la décrit, lui donne corps à travers les mots. L’expérience musicale n’est pas faite pour être retransmise de la sorte, un dialogue le souligne d’ailleurs malicieusement dans le roman et l’auteur n’essaie pas de contredire ses personnages, mais le rendu permis par son talent et sa mélomanie pourrait faire pâlir un grand nombre de chroniqueurs musicaux.
Outre l’exercice de style, ce roman est aussi une plongée hallucinante dans les grandes années de la pop britannique, de l’ébullition à Soho jusqu’à l’éruption dans les grands festivals de la côte ouest américaine. On y retrouve une jeunesse aux envies de révolte s’initiant aux drogues et aux diverses expérimentations artistiques, une jeunesse qui se politise et veut croire en ces nouvelles révolutions qui s’annoncent.
Je ne peux que vous recommander la lecture d’Utopia Avenue que vous soyez mélomane passionné par cette époque ou lecteur avide et curieux . Dans tous les cas vous serez embarqués dans cette grande aventure qu’ont été les « swinging sixties ».