« Toi tu es un intermittent de la vie, moi pas. En t’attendant, toujours en t’attendant. Je n’ai pas pu. »
Etienne est photographe reporter, sa vie oscille entre pays en guerre et quotidien douillet. Sa dernière destination va pourtant l’arracher à sa vie confortable d’homme libre. Porté disparu, Étienne n’est plus qu’un nom, un souvenir douloureux auquel se rattachent ses proches dans l’insoutenable attente. Par chance, ce dernier sera relâché et renvoyé dans son village natal. Revenu d’entre les presque morts, l’accueil est digne de celui d’un héros, pourtant Étienne ne pense qu’à une chose : retrouver le calme et la discrétion de son ancienne vie. Comment reprendre en main le cours d’une existence arrêtée si subitement ?
Jeanne Benameur dresse le portrait de ces vies malmenées par le hasard, sans jamais tomber dans la surenchère, chaque personnage essayant tant bien que mal de ne pas s’arrêter à sa condition de victime du sort. Un combat de chaque jour mené de front par Étienne et ses proches, même si la douleur, latente, subsiste. Ce roman réussit avec force à nous immiscer dans l’intimité de ceux qui se reconstruisent et se réapproprient leur vie. Otage Intime est touchant, déroutant, le genre de roman dont on ne ressort pas indemne.